Vulvopatho : le syndrome de congestion pelvienne !

Ce syndrome est souvent confondu avec l’endométriose ! Mais ses symptômes et sa prise en charge ne sont pas ceux de l’endométriose. Aussi, les varices vulvaires et périnéales ne sont pas seulement secondaires à une grossesse. Elles peuvent être une conséquence du syndrome de congestion pelvienne. On t’explique tout sur ce syndrome encore méconnu.

Le syndrome de congestion pelvienne est une cause fréquente de douleurs pelviennes chroniques touchant des personnes de tout âge. 30% des syndromes douloureux pelviens chroniques sont liés à un syndrome de congestion pelvienne (1). C’est donc une piste importante à creuser en cas de douleurs vulvaires.

De par la grande diversité des symptômes, et malgré sa haute prévalence, le syndrome de congestion pelvienne reste méconnu. Cela entraine un important retard de diagnostic.

Pour mieux comprendre cette pathologie, Vulvae te fais un récap’ de tout ce que tu dois savoir sur le syndrome de congestion pelvienne ! 🫡

Q’est-ce-que le Syndrome de Congestion Pelvienne ?

Le syndrome de congestion pelvienne est le résultat d’une insuffisance veineuse pelvienne, c’est-à-dire une dilatation des veines du pelvis (partie basse du ventre contenant la vessie, le rectum et les organes internes de la reproduction : utérus, vagin, prostate, etc.).

Cette insuffisance veineuse entraine un ralentissement de la circulation sanguine et une inversion du flux veineux. Le sang stagne dans les veines de la partie basse du pelvis, et plus généralement dans les veines génitales (veines de l’utérus, des ovaires, du vagin, de la vulve, etc.). Ce sont alors des varices pelviennes qui se forment. Des varices superficielles localisées au niveau de la vulve, du périnée, des fessiers, ou encore au dessus du pubis sont également fréquentes.

🚨 Les varices constituent le motif de consultation le plus fréquent chez les patientes atteintes de syndrome de congestion pelvienne ! Attention néanmoins, les varices ne sont pas nécessairement la cause des douleurs. Il faut consulter un·e spécialiste pour entamer le parcours médical adéquat.

Quels sont les symptômes du syndrome de congestion pelvienne ?

Ce syndrome se manifeste par une douleur pelvienne d’intensité et de localisation très variables (vulve, rectum, périnées, bas du ventre, etc.), et évoluant depuis plus de 6 mois. Elle est généralement unilatérale et peut s’accompagner de douleurs lors des rapports sexuels. Les douleurs pelviennes sont plus intenses et invalidantes en fin de journée. Elles peuvent être accentuées par une position debout ou assise prolongée, ainsi qu’en période menstruelle. Des douleurs lombaires, fessières, accompagnées d’un oedème (gonflement des tissus), et d’une sensation de jambes lourdes peuvent aussi être présents.

Aussi, il est possible de voir les varices pelviennes et/ou des membres inférieurs. Ce sont des petites dilatation violettes ou bleutées.

Certaines patient·es présentent aussi des symptômes digestifs et urinaires (ballonnements, une envie pressante et fréquente d'uriner, douleurs rectales, hémorroïdes, douleurs rénales, etc.)

Enfin, il existe des signes non-spécifiques de ce syndrome : maux de tête, fatigue chronique ou des sautes d’humeur (souvent liées à la douleur).

Comment est réalisé le diagnostic ?

Le diagnostic repose avant tout sur l’observation des signes cliniques de la maladie, donc des symptômes que tu ressens. Après entretien médical, plusieurs examens radiologiques peuvent être prescrit :

  • L’échographie trans-vaginale (examen échographique au cours duquel une sonde à ultrason est introduite dans le vagin) permet de visualiser l’utérus, les trompes et les ovaires et de confirmer le diagnostic.

  • L’échographie doppler des membres inférieurs est systématique, elle permet de poser le diagnostic.

  • L’IRM permet de vérifier l’absence d’autres pathologies de la même zone, en plus du syndrome de congestion pelvienne.

  • La phlébographie pelvienne consiste à introduire une sonde fine au pli de l’aine par la veine fémorale afin de visualiser les veines pelviennes. Cet examen indolore est réalisé en cas de varices pelviennes et permet de visualiser anatomiquement la zone pelvienne.

Qui consulter ?

Vulvae te recommande de consulter un.e gynécologue, un.e sage-femme, un.e médecin généraliste et /ou un.e spécialiste de la douleur en premier lieu. Celui-ci pourra t'orienter vers un.e angiologue-phlébologue, médecin spécialiste des vaisseaux et des veines.

Cependant, sachant que les spécialistes de la douleur sont inégalement répartis sur le territoire français, et pour faciliter le parcours, un.e sage-femme ou un médecin généraliste peuvent également réaliser une échographie trans-vaginale — avec ton consentement, et en toute délicatesse (car ce n’est jamais un examen très agréable, il faut le savoir !).

Comment le prévenir ?

Il n’existe pas de prévention spécifique pour ce syndrome. Mais voici quelques conseils pour t’aider à réduire le risque de développer des varices pelviennes :

  • Maintiens un poids “santé”, avec un indice de masse corporelle normal. L’obésité peut altérer la circulation du sang dans le corps et favorise sa stagnation.

  • Fais du sport régulièrement. L’exercice physique permet d’activer la circulation sanguine.

  • Évite les positions assises ou debout prolongées. Ces positions bloquent le retour sanguin sous l’effet du pesanteur.

  • Privilégie les vêtements amples.

  • Évite de croiser les jambes lorsque tu es assise.

Quels sont les facteurs de risque de développer un syndrome de congestion pelvienne ?

Les facteurs de risques sont divers :

  • Le fait d'avoir eu plusieurs enfants : les grossesses et accouchements multiples provoquent des changements anatomiques dans la structure vasculaire pelvienne et sont susceptibles d’occasionner des varices.

  • Les antécédents personnels ou familiaux d’insuffisance veineuse pelvienne ou des membres inférieurs : le facteur génétique est souvent impliqué dans l’apparition de plusieurs maladies à composante héréditaire.

  • Les troubles hormonaux, comme le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK).

  • Les antécédents de pathologies ou de chirurgies pelviennes.

⛔ À savoir : Ce n’est pas parce que tu présentes un ou plusieurs de ces facteurs de risques que tu vas développer un syndrome de congestion pelvienne ! Ce syndrome reste rare et un examen approfondi est indispensable pour poser le bon diagnostic.

Quel est Le traitement ?

  • Les traitements médicamenteux de première intention ont pour objectif de mettre la fonction ovarienne sur pause pour éviter les fluctuations hormonales. Cette mise en arrêt réversible permet de diminuer le diamètre des veines dilatées pour soulager la douleur pelvienne. L’utilisation d’une molécule synthétique de progestérone utilisée en contraceptif ou en traitement de l’endométriose (acétate de médroxyprogestérone), la pose d’un implant contraceptif sous-cutané, les molécules agonistes de la GnRH (stimulant la production d’hormones) et les anti-inflammatoires ont démontré une relative efficacité dans l’amélioration des symptômes.

Si ces médicaments sont inefficaces, et que ta douleur persiste, la consultation d’un·e angiologue s’avère indispensable pour envisager une embolisation. Cette technique de radiologie interventionnelle consiste à boucher les veines malades. Pour ce faire, une phlébographie pelvienne permet de mettre en évidence les veines pathologiques. Ces veines sont ensuite bouchées à l’aide d’une colle biologique afin de rediriger le flux vers des veines continentes et rétablir un drainage efficace. Cette technique offre un pronostic excellent.

Comme toute douleur chronique, le syndrome de congestion pelvienne peut affecter ta qualité de vie. Ne sous-estime jamais ta douleur, consulte pour obtenir des solutions pour soulager tes symptômes. 💜

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Bibliographie :

(1) https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0213834

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33112517/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33541587/

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